samedi 4 décembre 2010

Connard






" - Connard ! "

C'est sorti comme un jet de merde de sa bouche virginale.

En l'espace d'un instant, aussi spontané et bref que le trajet du postillon qui est venu s'écraser contre ma joue en même temps que ses lèvres rouges prononçaient le mot "enfoiré", en cet espace, j'ai eu le temps de me poser une question, avant de la laisser enchaîner sur d'autres adjectifs mélioratifs du genre...

J'me suis demandé comment de pareilles merdes pouvaient sortir de ce corps si magnifique. Elle est en face de moi, entièrement nue. Et elle enchaîne encore ses conneries. Pourtant mon encéphale pédale dans le vide, je ne comprends plus la définition de "raté", de "putain" ni de "sous-merde". Je ne vois plus que son petit corps blanc et ses seins laiteux dont la chair translucide laisse apparaître de fines veines roses. Si je ne devais retenir qu'une chose de Manon, c'est bien l'entrelacement poétique de ses veines qui palpitent au grès de ses colères quotidiennes.

Elle sait que je hais ma vie, que je ne la donnerais même pas aux chacals qui forniquent avec les poubelles dans les rues glauques de la ville. Elle sait aussi que ce qui m'fait vibrer, c'est quand elle me réanime de coups agressifs. J'adule ses vulgarités qui me martèlent la tronche, un peu comme ses averses de grêlons glacés qui te tombent dessus sans crier garde.

Elle sait que je ne suis qu'un déchet, et elle me détruit sereinement à petit dose, elle aime ça... Et elle a raison. Si j'étais face à une merde comme moi, j'aurais été bien plus radicale, je me serais délecte de voir ma victime se putréfier au sol comme une flaque de vomi. Alors, je la laisse me traiter de connard, pour la voir se complaire dans sa magnificence et surtout, pour me voir crever définitivement, au milieu des déchets de la vie ordinaire.

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